Qu'est ce que le rejet ?
La principale complication de la greffe d'organe est le phénomène de rejet.
Ce rejet va dépendre essentiellement de la réaction immunologique du receveur
contre l'organe greffé. Lorsque l'on reçoit un organe, notre system de défense interne
peut s'y attaquer comme si il s'agissait d'une bactérie car notre system de défense
peut le conssidérer comme étrangé à l'organisme et donc génant à son bon fonctionnement.
Ce processus qui habituellement nous protège est ici un grave problème auquel seul les
cellules souches semblent pouvoir donner une solution valable.
Les cibles du rejet
Les cibles de la réaction immunologique de rejet sont les antigènes de
transplantation propres au donneur et portés par le greffon.
Les principaux antigènes de transplantation sont les antigènes
d'histocompatibilité, appelés antigènes HLA.
Ces antigènes sont des molécules présentes sur l'ensemble de nos cellules, très
polymorphes au niveau de l'espèce humaine, ce qui en d'autres termes signifie
que la probabilité que deux individus non apparentés soient HLA identiques, est
un événement exceptionnel.
Le système HLA pourrait ainsi être considéré comme une carte d'identité
biologique, permettant de différencier les individus entre eux.
Ceci explique qu'en situation de greffe d'organe, le greffon étant le plus
souvent issu d'un Donneur non apparenté, les différences dans le système HLA
entre le Donneur et le Receveur (appelées aussi incompatibilités) existent et
vont stimuler la réaction de rejet immunologique du Receveur.
Des différences dans d'autres systèmes antigéniques que le système HLA sont
également capables de stimuler cette réaction de rejet immunologique. Les marqueurs spécifiques aux porcs stimulent eux aussi
un rejet. Citons
comme autre exemple le système des groupes sanguins ABO dont le pouvoir stimulant est
également très fort en cas d'incompatibilité.
Les différentes formes de rejet
Plusieurs formes de rejets existent. Elles se caractérisent par leur moment
de survenue plus ou moins précoce après la greffe, par les mécanismes
unologiques mis en jeu et par les types de lésions constituées au niveau du
greffon.
Dans tous les cas, ces rejets mettent en péril la fonctionnalité du greffon.
C'est ainsi qu'il faut distinguer :
Le rejet suraigu: il survient dans les heures qui suivent la
transplantation et se manifeste sous la forme d'un infarctus du greffon
(oblitération des vaisseaux qui irriguent l'organe).
Ce type de rejet est essentiellement dû à des anticorps pré-existant chez le
Receveur et dirigés contre les antigènes de transplantation portés par le
greffon.
Le rejet aigu: il survient à partir du 4è jour post-greffe. L'organe
greffé est le siège d'une infiltration de cellules.
Le rejet chronique : il s'agit de la principale cause d'échec des
transplantations. Le rejet chronique s'installe insidieusement au cours du temps
pour aboutir à une perte de l'architecture du greffon qui progressivement
devient le siège d'une fibrose aboutissant à la perte progressive des fonctions
de l'organe greffé.
La prévention du rejet
Grâce à des traitements immuno-suppresseurs de plus en plus efficaces et de
mieux en mieux maîtrisés, les crises de rejets aigus survenant la première année
après la greffe sont de plus en plus rares et de mieux en mieux contrôlées.
Il existe aujourd'hui de nombreux arguments pour penser que cette meilleure
gestion du rejet au cours de la première année post greffe aura des
répercussions importantes sur l'incidence de rejet chronique à long terme en
retardant et diminuant sa fréquence de survenue.
En outre, si le respect des compatibilités HLA entre le Donneur et le
Receveur participe également à un meilleur pronostic de la greffe à long terme,
il est maintenant bien établi que d'autres facteurs non immunologiques jouent un
rôle non négligeable dans la survenue du rejet chronique.
Par exemple le conditionnement de l'organe prélevé et le délai écoulé
entre le moment de son prélèvement et celui de sa réinplantation (appelé temps
d'ischémie froide) a une grande importance.
La meilleure connaissance de ces paramètres non immunologiques, le respect
autant que possible des compatibilités HLA ainsi que l'utilisation des drogues
anti-rejet de nouvelle génération permettront sans aucun doute, dans les années
à venir, de ralentir l'évolution vers le rejet chronique et de favoriser la
survie à long terme de l'organe greffé. Pour les xénogreffes, la solution réside dans le clonage d'animaux humanisés.